I
Le pays de la pensée
s’étend
Un joyau, rayon de désir,
appelle la guerre mortelle
entre le coeur et le regard
*
L’absence manque plus que
tout
tant je redoute que tu me frôles
Cependant que je m’étire me dénie,
le rai de l’or est matinal
*
L’ aveugle vue me rend aveugle
et depuis l’ombre de ces yeux
d’aurore
meurt la nuit ténébreuse sur le
pays noir pensant
*
Les tombeaux de l’amour s’ouvrent devant moi
Tels la vallée des Rois
dont reine je déchois
*
une
écorce de reine un
noyau de joyau
gisent,
abritent lueurs et shadows
*
De vivre m’ensevelissent
les pesants fardeaux
et les bosquets fleuris,
écorce de reines noyau de joyaux
Ténébreuse, les nuits.
*
*
II
Insaisissable voilage
Insaisissable voile
y compris sur la ruine,
mon nom : telle Hamlet qui entend Remember me
je veux oublier qui détient le désir
prisonnier dans ce néant nous
La seule fenêtre de la geôle
est la musique de
tes yeux
*
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III
Par dessous les pétales
je n’entends ni féminin
ni masculin
de mon nom sa voix sublime,
et au-dessus dans la rosée caressante d’un chant,
là où lumière s’ébroue,
le regard peint l’amour naissant
*
*
Lis les Sonnets
Then thou, whose shadow shadows doth make bright
How would thy shadow’s form form happy show
et les jeux d’ombre mienne
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S.31 : Car tu es la tombe où l’amour enseveli doit vivre
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Martine Cros, 4 décembre 2016, Les Sonnets, les lisant
– Première partie – Lisant Sonnets XLIII, XLVI, XVII, XXIV, XXVII, et XXXI de Shakespeare — traduction par Pierre-Jean Jouve, Poésie Gallimard.
Photographies : de la poésie quotidienne