Combien de temps pourrai-je être un mur,
protégeant du vent ?
Combien de temps pourrai-je
Atténuer le soleil de l’ombre de ma main,
Intercepter les foudres bleues d’une lune
froide?
Les voix de la solitude, les voix de la douleur
Cognent à mon dos inlassablement.
Sylvia Plath –Trois femmes, Éd. des Femmes, 1978 –

I
rêve / rue
Pleut
— ces belles jambes de rue
le miel couchant sur les façades nues
— rose-ocre en rut
d’une fontaine dans l’ajour
des villes
Tu t’enfonces
— quel carrefour moussu
à coeur des passés endormis
au fond d’une déclaration
perdue
Argentique
silence dans les yeux
Pleut
— éclaboussées crues de lait triste
mon attente sur aucune pluie, grand est
un soleil
qui luit de couler sur les façades
de ton corps-est
Levant en mon regard
de fondantes fontaines
écumantes architectures
pleurées de persiennes
L’atelier donne
sur le fleuve
— couche-toi
Couchant
de tes draps à la pomme
— ces belles lèvres croquantes
ma couchante
aux écarlates
J’y glisse errante
ombre des rues
pavée de pensées
Des limons d’innocence coulent
des murs aux treilles amarante
Delta des rues
— Où es-tu
coulent en rayons de miels fauves goulus
qui s’adossent aux serpentantes colonnes
de ma vertébrale
déclaration perdue
— aux quatre coins des rues
des reins de velours peuplent
mes mains
endommagées
Mande-moi dans ton amande
Ma couchante !
Donne une tombe
à mon regard.
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Martine Cros, 9 février 17, I, rêve / rue, Déclaration perdue.
— Texte retravaillé le 11 février, accompagnée de Sylvia Plath, Francesca Woodman, Katia Chausheva & du Larghetto du concerto pour piano n° 1 (opus 11) de Chopin.
Deux photographies de Francesca Woodman, empruntées sur le site d’Esprits Nomades
— Leur source : Francesca Woodman, Isabel Tejeda et Marco Pierini, Éditions Silvana.
Le copyright de toutes les images du site appartient à George et Betty Woodman — .