Jusqu’aux limites
de ses forces elle obéit à ce
lieu
où elle se voue à vivre.
Tu es une grande rêveuse, dit le vent glacial
et entre le four et le moulin
elle a froid
car les mots doivent renoncer à elle.
Y aura-t-il révélation dans sa mie de pain quotidien
Donne-toi les moyens de ce jour, dit la pluie battante
et entre les gouttes de désir et d’ennui
elle a faim
car l’amour la déchire dans l’imminence de sa perte.
Abandonnée sur ce qu’il adviendra du vent et de la pluie
Abandonnée par les mots qu’elle n’a pas encore écrits
peut-être pour sonder foncièrement l’étroitesse
de ce qui l’entourait elle poussa tous les murs
à l’intérieur d’un soi,
longea en attendant que parle la stérilité
les décrépitudes humaines ornées de musées très intimes
et dévastées par de stupides camouflages,
caressa les pieds d’un Christ toujours aussi suspendu
aux cimaises imparfaites de nos serments.
La vaisselle attendra, se dit-elle, d’argent ou d’aluminium,
que la nuit lave mes plaies sur ton sexe, toujours aussi cloué
à mon désir.
/MC\, 14 décembre 2017, Pain quotidien
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Photographie de Paul Cava, PMA (Golgatha), 2010, sur son site.