Soleil
Ne disparais encor
Des substances douces du soir
Dont la robe éphémère se tisse
À mon visage et fond, à ton regard
L’or de toutes tes paupières !
Des troupeaux de cristal ont retenu mes gestes –
Eux paissaient dans ta Lumière –
Longtemps je fus une statue sans pierre
Marionnette éventée dans les forêts fantômes
Manoeuvrée de tes évanescents faisceaux
L’un d’eux me suffisait
Un fil
Pour épouser deux mots
Je suis morte une fois De poussières De choses
D’entrailles De la pourriture Du monde J’ai dépassé
Toutes les émanations : ma Substance est ta Substance
Dans la lente alchimie de la métamorphose
Deux mots
pour forger la lumière
Tu
M’auras substantée
De ta soif d’ombre close
M’auras circonvolée
Dans les creusets d’étoiles
Tant est que tu m’auras tentée
Jusqu’aux derniers relents du jour
De tes feux imprononçables.
Dans la chair même
De ta disparition fondue
Le premier mot me réfugie
Dans ta sororité la nuit
Je me tais parfumée à ce que tu pourrais dire
Depuis l’autre côté de Terre
Je me tais luminée dans l’à peine murmure
Ce qui demeure de nos Lumières
Je te cherche d’ombre et déjà de jeux
Tu m’avais trouvée
Endolorie
Défaçonnée
Cheveux poussiéreux
Et des mains de peurs
L’espérance tournoyait sur ma tête
Comme un noir tribunal de corbeaux
Ne disparais encor
Soleil !
Car je structure l’ombre et l’incolore
Et mon reflet te sera
Indomptable.
MC, 21.03 / 30.11.18, travail en cours, Ne disparais
& Silvi Simon, Cercle brisé 3 . 2015. Chimigramme sur papier argentique au chlorobromure d’argent. 30,3 x 40,2 cm. © Silvi Simon, sur artpress.