
Je suis témoin. Je suis le seul témoin de moi-même,
Artaud, dans le Pèse-nerfs
III
Deux femmes
Suspendues aux lèvres de la nuit
L’une psalmodie
Ses peuples éreintés
Assise sur un silence
Sans récit
De ses paupières devenue
S’échappe un glacis de chant nu
Voile
De confession continue
Qui ne lui cache rien du noir
Aveugle
Dont elle s’est dévêtue
L’autre
(peut-être elle aussi)
Se lève dans la peur et l’amour
S’exile dans la braise des autres
Feint de ne craindre leur bûcher
Je pars trouver un soleil
Dit-elle à l’Assise,
Et si je ne le peux qu’au moins
L’horizon de mes yeux prenne feu
Dans le vœu que tu retiens
MC, 28 avril 2019, Variation III des Variations du noir, ou Variations sur le récit (écriture en cours) & Variations du noir, mars 2019, peinture acrylique sur carton entoilé.
Ersilia (à Ludovico Nota). — Moi qui n’ai plus voulu la vivre [ma vie], moi qui en ai souffert jusqu’au désespoir, j’ai le droit, il me semble, de vivre au moins dans le récit que tu en feras.
(Luigi Pirandello, Vêtir ceux qui sont nus)